"L’œil : une source qui abonde
Mais d’où venue ?
De plus loin que le plus loin
De plus bas que le plus bas,
Je crois que j’ai bu l’autre monde."
Philippe Jaccottet
L’acte de Dessiner.... c’est observer ....... sur une simple feuille de papier, blanc. Un crayon mine de plomb ou couleur. Une gomme. Le temps libre de faire. Refaire, défaire,à mon gré de mes perceptions, de mes mémoires, de mes émotions. Du temps donné.
Faire, un croquis, d’un geste, d’un élan, sans repentir, spontanément, en quelques minutes. Faire une ébauche, pour élaborée une idée, prendre, le temps pour réfléchir, pour aboutir en plusieurs jours, plusieurs mois. Faire un trait vertical ou horizontal, un point, sur la feuille, pour qu’il impulse une dynamique. Habiter l’espace d’une seule ligne. Dessiner, Mille et un trait pour envahir tous l’espace, jusqu’à saturation. Être dans l’épaisseur du trait. Atteindre la profondeur, trouer l’espace blanc. Lier , relier, délier chaque ligne du chaos. Gommer, estomper, ombrer, une surface pour la faire vibrer. Faire circuler l’air.....un souffle,ou une lumière. Ma main effleure ou incise la ligne. Mais c’est à bras le corps que j’investis les grandes surfaces, sans limite.. .rouler dérouler enrouler le papier. Aboutir un dessin c’est aussi définir le format, couper , recadrer, focaliser, sur l’essentiel, ou sur un petit rien, un punctum. Le moment ou le dessin me semble fini ?
C’est le moment où je ne veux plus rien ajouter, ne plus rien effacer. D’autres dessins sont en attente un long temps, en réserve plusieurs années, pour une autre étape de travail. Le mur de l’atelier est une cimaise, c’est le lieu d’installations de dessins assemblées par affinité, en dialogue, dans un espace plus vaste....
Dessiner c’est un plaisir jubilatoire et sensoriel : "jusqu’à inclure l’infiniment grand, jusqu’à recueillir l’infiniment petit" (Jaccottet).
Danièle Orcier, janvier 2021